Une pollution sans limites

L’eau – L’air – Les sols – Le bruit – Les impacts sur la santé – L’école – Les accidents
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La pollution de l’eau

Fibre Excellence est le plus gros utilisateur du Rhône. C’est aussi son plus gros pollueur. C’est pour cette raison que l’usine doit payer la taxe sur l’eau la plus élevée.

L’eau du Rhône est prélevée en amont de l’usine. Elle rentre déjà contaminée par tous les polluants rejetés par l’industrie et par l’agriculture intensive sur les 800 km du fleuve et de ses affluents.

Cette eau est utilisée telle quelle pour une grande partie des étapes de la fabrication de la pâte à papier. Pour le refroidissement, pour produire de la vapeur, pour laver, pour rincer, pour servir la préparation de la liqueur noire et bien d’autres choses.

Fibre excellence utilise à l’année plus de 20 millions de m³ d’eau (5500 piscines olympiques). Comme si le Rhône était totalement détourné pendant 4 heures au seul profit de l’usine.

Une petite partie de l’eau passera dans les stations d’épuration, qui feront ce qu’elles peuvent pour débarrasser les effluents des polluants, et c’est un liquide d’une couleur peu ragoûtante qui sera rejeté dans le Rhône.

Le reste de l’eau sera mélangé à d’autres produits, puis évaporé, vaporisé. Et les résidus brûlés viendront alimenter le paragraphe suivant.

rejet de déchets d'un tuyaux
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La pollution de l’air

Fibre Excellence propage des odeurs pestilentielles senties à des dizaines de kilomètres à la ronde. Du mercaptan. Oui mais pas que !

Derrière cette odeur de chou pourri se cachent beaucoup de polluants, dont les seuils sont limités par la législation européenne.

Mais dans le cas de Fibre Excellence on a vu que ces seuils étaient largement dépassés, et que malgré les travaux effectués en septembre 2021, l’exploitant a du mal à se mettre aux normes.

Une des ses conditions pour la reprise était du reste l’obtention d’un moratoire de deux ans sur le respect des seuils environnementaux. Encore un beau cadeau en perspective !

L’exploitant d’hier, qui est le même qu’aujourd’hui, a commis plusieurs infractions sur les rejets dans l’atmosphère, avec des différences énormes constatées entre les résultats de l’auto surveillance et ceux trouvés lors d’un contrôle vraiment inopiné.

A titre d’exemple, sur la chaudière à écorce, le niveau d’émission de poussières de 400mg/Nm³ annoncé par l’industriel était de 2700mg/Nm³ lors du contrôle inopiné, soit 7 fois plus.

Mais surtout 27 fois la norme de 100mg/Nm³ imposée par arrêté préfectoral en 2010.

Mais ça n’est pas fini. Ont aussi été relevés des dépassements de 14 fois les seuils pour les poussières, 12 fois pour le cadmium, 6 fois pour les métaux lourds et 3 fois pour les NOx.

Devant cette pollution avérée, l’État a mis en demeure l’exploitant de se mettre aux normes. Celui-ci ayant comme d’habitude traîné les pieds, une procédure judiciaire a débuté.

La pollution par les NOx est phénoménale. Dans les fours à chaux les taux dépassaient 2,5 fois les normes. Mais des NOx sont aussi produits de manière non permanente par la principale chaudière de l’usine, appelée chaudière à liqueur noire, qui engloutit et brûle 300 000 litres de fioul lourd (10 gros camions citerne) pour chaque phases de démarrage à froid suite a un arrêt de la chaudière (et il y en a beaucoup).

D’énormes quantités sont aussi utilisées afin d’améliorer la combustion dans cette vétuste chaudière de 40 ans d’âge. Les camions citerne, roulant au fuel eux aussi, viennent d’Espagne.

Un beau bilan carbone !

Ce fioul lourd est identique à celui consommé par quasiment tous les portes conteneurs et les pétroliers du monde. Son extrême dangerosité n’est plus à prouver. L’exploitant a le droit de l’utiliser au milieu de la population et le législateur ne fait rien.

Il préfère s’attaquer aux petits en interdisant le fuel léger et le gaz (polluants mais quand même moins) pour le chauffage plutôt que de s’attaquer aux entreprises dont les cheminées vomissent leur NOx sur tout le territoire français.

 

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La pollution des sols

Depuis 1952, une usine de pâte à papier est implantée au sud de Tarascon. Depuis 70 ans des dizaines de produits chimiques se sont répandus souvent involontairement mais inéluctablement sur les 25 puis 33 hectares de l’entreprise.

Dans la première usine, le chlore destiné à blanchir la pâte était produit par électrolyse avec du mercure. 

Dans les années 70, l’usine commençait à vieillir et les fuites de mercure étaient fréquentes dans l’atelier de production.

Le mercure a été utilisé jusqu’en 1994. Il a fallu attendre 2012 pour que l’atelier soit détruit et le sol décontaminé.

La très grande densité du mercure (13,6) a fait que ce métal liquide a pu descendre très bas dans le sol et qu’il a même pu polluer les nappes phréatiques. Ce métal s’évaporant, l’atelier n’étant pas confiné, le personnel de l’usine a été exposé au cours des années par les particules dispersées dans l’air.

Pendant soixante dix ans des tonnes de produits divers ont été en contact avec le sol.    

Il faudra des millions d’euros pour décontaminer le site quand l’actionnaire l’abandonnera une fois que l’outil de travail sera trop vétuste pour être utilisable à peu de frais.

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Le bruit

Le bruit « ordinaire » de l’usine est déjà puissant, mais insupportable lorsque les écorceurs entrent en action. Et intenable la nuit.

Ces équipements ne tournaient que le jour.

Jusqu’à l’incendie du 4 novembre 2017 qui a détruit un silo contenant 1000 tonnes de copeaux de bois et des centaines de kilos d’amiante.

Le temps du désamiantage et de la reconstruction du silo, l’industriel qui n’avait plus de stock tampon de copeaux a commencé à faire tourner ses écorceurs la nuit.

Le silo a été refait mais le mauvais pli était pris.

Pour des raisons de confort personnel, l’usine a écorcé presque toutes les nuits.

En 2018, devant les plaintes qui montaient, des pièges à son ont été construits autour de ces écorceurs. La conception de ces équipements demande une grande technicité et coute assez cher.

Fibre Excellence a du faire ça à l’économie puisque ses travaux n’ont servi à rien. Ils ont même augmenté les décibels pour certains riverains.

Mais où est l’aéroport ?

C’est la question que posent les touristes, de plus en plus rares, qui séjournent à Tarascon ou à Beaucaire.

stéthoscope

Les conséquences sur la santé

Une étude de L’ORS portant sur les communes de Fontvieille, Paradou, Maussane-les- Alpilles, Les Baux de Provence et Tarascon a démontré qu’il y avait une surmortalité de + 95,9% due à des maladies de l’appareil génito-urinaire et de + 58,2% due à la maladie d’Alzheimer dans ce groupe de communes par rapport à la région Paca.

Dire que cette surmortalité est le fait de l’usine serait diffamatoire, mais les chiffres ci-dessus doivent nous interpeller.

Pourquoi de tels taux ?

Les riverains sont fréquemment incommodés par toutes les fumées dispersées. Nombreux ont des gènes respiratoires quand les rejets sont intenses ou répétés. La population est aussi excédée par le bruit. Troubles du sommeil, maux de tête, concentration difficile. Les séquelles de l’exposition au bruit sont incontestables.

L’angoisse pour certains riverains de la présence d’une structure aussi dangereuse, bruyante et nauséabonde est réelle et doit être prise en compte. De même que l’inquiétude face à la dévalorisation des biens provoquée par toutes les nuisances précitées.

Il faudrait qu’un jour les services de l’État s’émeuvent de la surmortalité de 14,6% par rapport à celle de PACA constatée dans l’étude de l’ORS citée plus haut.

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L’école

Il y a une école près de l’usine, 220 gamins en maternelle et en primaire à 400m de la chaudière à liqueur noire si inquiétante.

Comment imaginer que les dirigeants de l’usine aient le cynisme de ne pas penser à ces enfants quand ils poussent cette chaudière au-delà de ses limites ?

Et que dire des serviteurs de l’État qui sont un grand nombre à connaître parfaitement les multiples manquements de Fibre Excellence, usine classée Seveso, et prennent fait et cause pour elle.

Si les voitures passaient à 100 kilomètres à l’heure devant une école, les autorités prendraient rapidement des mesures drastiques pour corriger ça. Ralentisseurs, radar, policier, etc.

Rien de tel pour protéger l’école vis à vis de l’usine.

Des écarts de seuils tolérés, des équipements autorisés malgré leur vétusté et leur dangerosité, des produits dangereux stockés dans des silos mangés par la rouille, des rejets de NOx anarchiques, le bruit etc.

Pour le bruit et la fumée l’usine a bien financé quelques fenêtres à double vitrage. Mais qu’a-t-elle fait pour la cour de récréation ?

explosion

Les accidents

Les rois de l’incendie

En 2009, 10 000 tonnes de bois partent en fumée.
En 2012, 4 000 m³ de bois, propriété de l’usine Fibre Excellence brulent à Arles.
En 2012, 27 000 tonnes de bois se consument au parc à bois, 71 pompiers et 25 engins interviennent.
En 2016, c’est 20 000 tonnes qui brulent encore dans le parc à bois,  mobilisant 100 pompiers et 40 engins.
En 2017, c’est 1000 tonnes de copeaux et un silo isolé à l’amiante qui se consument.

Des milliers de kg de CO². Aucune sanction !

L’explosion évitée de justesse

En mai 2021, on a frôlé la catastrophe majeure. Suite à une énième fuite sur une tuyauterie de la chaudière à liqueur noire, de l’eau a failli entrer en contact avec du salin (du sodium en fusion à 950°C), ce qui aurait pu engendrer une énorme explosion.

Une mesure d’urgence a été effectuée, consistant à évacuer toute la vapeur du circuit le plus vite possible. La procédure étant très bruyante, les riverains ont cru que l’usine explosait. Après réparation il y eut une autre fuite au démarrage de la chaudière.    

Une explosion de chaudière mettant en cause le salin s’est déjà produite sur le site de Tarascon en 1960, sur une équipement beaucoup plus petit.

Qu’est-ce que le salin ?

C’est le résidu de la combustion de la liqueur noire qui de dépose sur la sole de la chaudière.

Cette liqueur noire qui sert de combustible pour la chaudière est le jus issu de l’extraction des fibres du bois. Elle est composée d’eau, de lignine, de glucides, de carbonate de sodium et de sulfate de sodium. En brulant à 1200°C ce dernier composant se transforme en sulfure de sodium et avec le carbonate de sodium il forme le salin, qui se dépose en bas de la chaudière.

Cette matière, dont la température est de 950 C°, est décomposée par l’eau et forme de l’hydrogène qui en présence d’oxygène, provoquera une auto-inflammation suivie d’une terrible explosion.

Du fait de son PH très élevé (14), la liqueur noire est très corrosive et altère l’économiseur et l’échangeur.

fiche technique chaudière
fuite chaudière

Un tube étant très difficilement réparable, c’est la condamnation de celui-ci qui est effectuée. Plus il y a de fuites, moins le surchauffeur est efficace et donc moins la chaudière est puissante.

Et quand les fuites commencent à apparaitre c’est que le métal est affaibli par une corrosion inéluctable et que tous les autres tubes ont un gros risque de se percer. La chaudière est à remplacer.

À aucun moment Fibre Excellence Provence n’a évoqué l’achat d’une chaudière neuve. Et pour cause!  L’actionnaire n’investira jamais dans un tel équipement qui a lui seul coute plus cher que son usine.

Mais peut-être qu’il attend  un nouveau cadeau de l’État !

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