Un plan Rhône dévoyé

La Fumisterie

Le comité de pilotage inondation du Plan Rhône a adopté le 7 juillet 2006 les principes du pré-schéma Rhône aval (de Montélimar à la Méditerranée) qui prévoit, sans incidence sur les niveaux de crue notamment dans la traversée de Beaucaire et Tarascon, de :

1. protéger les zones densément urbanisées, dont l’agglomération d’Arles,

2. d’éviter les ruptures de digues, considérées comme génératrices de situations particulièrement catastrophiques,

le Rhône en crue

3. d’ajuster le niveau de protection entre Tarascon et Arles, en fonction du débit capable de transiter à Arles,

4. d’ajuster le niveau de protection des deux bras du Rhône en Camargue à une protection contre la crue centennale pour les agglomérations et, si possible, pour tous les habitats diffus,

5. d’optimiser la gestion des zones d’expansion des crues (ZEC) entre Montélimar et Beaucaire pour chercher à réduire les débits de pointe pour les secteurs les plus sensibles.

Dans ce Plan Rhône de 2006, Il était prévu d’une protection contre les crues centennales en Camargue. Par un tour de passe passe elle jouit d’une protection millénale.

digues du delta
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Tout est très clair. Le petit arrangement du SYMADREM fait qu’au paragraphe 3 on ajuste le niveau par l’écoulement du surplus d’eau dans la plaine du Trébon pour préserver Arles (il est normal d’assurer la protection de milliers d’habitants) mais au paragraphe 4 on protège de façon identique la Camargue et ses habitats diffus.

Ils n’hésitent donc pas à noyer les habitats, pas si diffus que ça, des plaine du Trébon et de Beaucaire. Comme si c’était un désert…

Cette manœuvre est inadmissible !

En vert : les protections centennales. La plaine du Trébon inondée. Puis celle de Beaucaire.

En rouge : les protections millénales. Toute la Camargue épargnée puisque les plaines auront été inondées.

Encore une aberration, une digue à la mer.

Des dizaines de kilomètres de protection du littoral, n’ayant rien à voir avec la réduction des risques financés par le plan Rhône et qui vont transformer la géographie de la Camargue (en jaune et orange et en rouge fin) avec force communication mensongère du SYMADREM.

L’autopsie d’une ineptie.

Pourquoi le projet de la digue ouest choisi et assumé par le SYMADREM est un non-sens.

1. Près de 100 hectares de terres limoneuses riches supprimées dans le quartier des Ségonnaux.

2. Un impact écologique important dû à la construction de la digue, de la lône, du déversement d’eaux polluées par toutes les usines en amont sur les terres agricoles en cas de surverse.

3. L’endiguement incompréhensible de la Camargue qui réduit les riziculteurs à pomper l’eau dans le Rhône pour irriguer leurs terres. Tels des shadoks !

4. Un ressuyage très difficile du à d’une absence de retour des zones inondées à la mer.

5. Un cout énorme des ouvrages, certains pour des privés avec des financements publics.

6. Des travaux à refaire. Les palplanches récentes mais trop courtes de Fibre Excellence qu’il a fallu doubler par de plus hautes et les prolonger. Des infrastructures nouvelles vers la voie ferrée au bénéfice de cette usine polluante sans vertu. Le tout payé par le contribuable.

7. Des débits d’eau volontairement sous évalués pour justifier la construction d’une nouvelle digue et surprotéger Arles. Dans le même temps le blocage à 12 % du débit du Rhône dans le petit Rhône alors qu’il pourrait en drainer bien plus, déchargeant le Grand Rhône et abaissant son niveau à Arles en cas de crue.

8. L’absence de toute prise en compte de la Durance et du Vigueirat dans le projet.

9. L’abandon de toutes solutions alternatives. En particulier un canal de contournement d’Arles, balayé d’un revers de la main alors que cette technique a donné d’excellents résultats à Mâcon, Courson, Winnipeg etc.

 

Les niveaux de la discorde

Le SYMADREM s’étonne que la population du sud de Tarascon ne soit pas satisfaite de la côte de protection du projet (en marron), plus élevée que le maximum de la crue de type 2003 (en vert – crue centennale).

On parle de quelques centimètres seulement mais les circonstances ont bien changées. Prendre aujourd’hui pour référence la crue de 2003 n’est pas raisonnable. De nombreuses villes en amont se sont protégées par des digues, construites ou relevées, parfois sans autorisation, souvent en contradiction complète avec la loi sur l’eau.

Avec ce projet nous sommes le seul rempart de protection d’Arles et si aujourd’hui nous avions le même schéma qu’en 2003 c’est sans doute bien plus d’eau qui se déverserait au dessus de la côte de protection.

D’autre part, le SYMADREM pour faire accepter son projet a prétendu que le remblai RFF était fortement fragilisé, ce qui est archi-faux. De plus, si ça avait été le cas, des techniques existaient, moins invasives que l’usine à gaz proposée par le SYMADREM (nouvelle digue + transparence de l’ancienne + construction d’une lône pour compenser l’empreinte de la digue etc.).

Il est facile de dépenser sans compter quand l’argent ne sort pas de sa poche !

Cette lône est une aberration. Creusée dans le lit du fleuve, elle a toutes les chances d’être balayée à la première crue un peu forte. De plus une lône est naturelle et met des dizaines d’années pour se constituer. Façonnée par l’homme, les éléments en feront ce qu’ils voudront.
25 hectares de bonne terre limoneuse sont perdus et ce territoire passe sous la coupe de Natura 2000.

Cette lône sert d’une part à annuler l’impact de la nouvelle digue et d’autre part à fournir de la terre pour construire cette dernière. De la terre qui ne suffira jamais à édifier une digue de 8 km de long sur 30 m de base. C’est pour ça qu’ils ont extrait des milliers de tonnes de limons directement dans le Rhône, devant Fibre Excellence, alors que depuis des dizaines d’années il est interdit de draguer le fleuve pour ne pas remuer les tonnes de métaux lourds contenus dans le fond du Rhône.

Mais comme toujours « nécessité fait loi ! ».

De plus, la compensation est incomplète puisque l’espace (de 10 km de long) entre la nouvelle digue et l’ancienne, retiré du lit majeur du Rhône, n’a pas été pris en compte. Pas de compensation non plus pour les 35 hectares protégés par des palplanches et des digues pour le compte de Fibre Excellence.

Encore une entorse à la loi sur l’eau qui interdit de retirer de la surface à une ZEC.

Une manipulation très limite. 

Une conférence de consensus a décidé arbitrairement qu’en 2003 il était passé 11 500 m³/seconde alors que le relevé au capteur annonçait 13 100 m³/seconde, ce chiffre ayant été affiné par la CNR qui avait conclu à un débit de 12 600 m³/seconde.

La CNR n’a jamais officialisé le chiffre de 11 500 m³/s retenu par la conférence de consensus. Elle reste à 12 600 m³/s. Avec le vrai débit, la hauteur des digues déversantes aurait pu être relevé, limitant fortement le risque de débordement dans la plaine du Trébon. Ce qui aurait peut-être évité un PLU aussi sévère à la ville de Tarascon.

Pourquoi le SYMADREM s’est-il arrangé pour diminuer le débit de 1 100 m³ ?

Sans doute pour pouvoir dire qu’une inondation supérieure à 11 500 m³/seconde ferait déborder la digue RFF en la détruisant et rendrait sa digue résistante à la surverse indispensable. Car il fallait absolument faire croire que la digue SNCF Réseau était fragile. Alors qu’elle a encaissé 12 600 m³/s sans bouger. (Ce sont les côtés des trémies construites dans les années 80 qui ont cédé en 2003. Pas le remblai qui a joué sans faillir son rôle de digue pendant 170 ans).

Et des digues déversantes en amont d’Arles permettait de ne rien faire pour améliorer la débitance du Rhône à Arles et à Fourque. A part des digues, mais non déversantes bien sûr.

Tout a été fait pour que le « tout digues » s’impose ! La spécialité du SYMADREM

Et une première mondiale ! Un delta rendu insubmersible en inondant des terres qui n’ont aucun accès à la mer.

L’exception française dans toute sa splendeur.

digue rffweb
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