Le petit Rhône, un autre oublié du plan Rhône.
Le petit Rhône quitte le lit principal du Rhône au nord d’Arles. Il se jette vers les Saintes-Maries-de la Mer et avec le grand Rhône forme la Camargue.
En observant les photos ci-dessous et sans être un hydrologue patenté on peut s’apercevoir que l’entrée du petit Rhône est fortement perturbée par tous les obstacles qui obstruent le ségonnal.
Le ségonnal, les ségonnaux au pluriel sont les parcelles de terre, souvent cultivées car chargés en limon fertile, situées entre la berge du fleuve et la digue. Ce sont des zones naturelles d’expansion des crues. Ils forment avec le cours d’eau le lit endigué. Et c’est cette partie qui reçoit les eaux lors des crues. Ces ségonnaux ont été constitués au fil des travaux d’endiguement à partir du XIIe mais surtout au XIXe siècle.
Les Ségonnaux, c’est aussi le nom propre du ségonnal situé au sud de Tarascon, de la rive gauche du Rhône à la digue ferroviaire.
S’il y a tant d’inondations aujourd’hui en France, c’est bien souvent parce que ces ségonnaux ont été volés aux fleuves et aux rivières pour gagner des terrains constructibles. Ce qui cause des drames quand les cours d’eau reprennent leur lit aux périodes de fortes pluies.
Photos de gauche, le petit Rhône en rouge.
Photo de droite, la fourche. On voit nettement que la forêt à l’ouest entrave le libre passage de l’eau et ampute les 2/3 de l’entrée du petit Rhône. Si l’utilité de ce resserrement est de garantir la navigabilité du Rhône, pourquoi laisser les arbres envahir cette zone qui forcement bloquera l’eau en cas de crue.
Le lit majeur du fleuve obstrué par des verrues est non sens.
5 hectares pris dans le ségonnal afin de protéger 3 maisons, un terrain vague et un parking.
Et pour obstruer un peu plus le lit du Rhône, un port. Comme disait Coluche « Jusqu’où s’arrêteront-ils ? »
Mais comment tout cela a pu être possible ? De petits arrangements entre gens du SYMADREM ?
Que dire de la route d’accès de la ville au pont, rehaussée sans autorisation après les inondations et en contradiction totale avec la loi sur l’eau ?
En rouge, la hauteur de crue en 2003 et en jaune celle de 1856. Une protection vraiment « béton ».
Autres anomalies, 50 mètres de terre et d’arbres du bord de l’eau jusqu’à la pile nord du vieux pont.
Puis 75 m seulement de transparence pour le pont pourtant récent de la D613 sur les 275 m.
Le SYMADERM nous dit qu’en crue seulement 12% de l’eau transite par le petit Rhône.
Il semblerait que tout soit fait pour qu’il n’en circule pas plus.
Une gestion stupide des niveaux qui montre l’incompétence du SYMADREM pour qui en dehors des digues point de salut.
Avec une contre-vérité. Si 12% de débit dans le petit Rhône laissent 88% dans le grand Rhône, c’est pour garantir un niveau suffisant pour la navigation. Jamais il n’a été question de 12% en crue quand aucun bateau ne circule.
On se rend vite compte que la solidarité vantée par le SYMADREM n’est qu’une illusion.
La ville de Fourques à l’entrée du petit Rhône est parfaitement protégée des crues suite à la construction de digues énormes. Elle peut à nouveau se développer et ne s’en prive pas.
Et pour preuve de folie sans limite, un projet de port de plaisance dans l’entrée du petit Rhône en plein lit majeur a été imaginé.
Une chance extraordinaire. Pas pour les habitants du sud de Tarascon, pour lesquels le risque va empirer. Ils apprécieront le côté écologique et durable d’un tel projet dans le lit majeur d’un fleuve.