Au nom de la décarbonation, l’État a missionné RTE afin de concevoir et construire une ligne Très Haute Tension, du 400 000 volts.
Depuis 4 mois la Provence est survoltée. Personne ne veut de cette ligne qui doit rejoindre Jonquières-Saint- Vincent dans le Gard à Fos-Sur-Mer dans les Bouches-du-Rhône. Un trajet de 65 km environ.
L’électricité transportée servira à la décarbonation industrielle de Fos. C’est une bonne chose mais cela ne doit pas se faire sur le dos de l’environnement.
Dans le cadre de la loi Fontaine, RTE a débuté une phase de concertation du public en septembre. Pour cela des chargés de projet ont rencontré un grand nombre de représentants des services de l’État, d’élus et de membres d’associations afin de leur soumettre les raisons du projet, la délimitation de l’aire d’étude et le recensement des différentes sensibilités environnementales de cette aire d’étude. Cette phase prenait fin le 16 novembre 2024 lors d’une réunion plénière sous l’égide du préfet coordinateur des Bouches-du- Rhône.
Il se trouve que de nombreux invités présents à la réunion du 16 ont exprimé leur mécontentement d’avoir découvert par mail, seulement 5 jours avant, que l’aire d’étude n’avait plus rien à voir avec celle présentée pendant la concertation. Notamment à l’est du Rhône, sur les communes de Tarascon et d’Arles où des milliers d’hectares étaient ajoutés, modifiant d’une manière conséquente cette aire d’étude. Pourquoi une telle modification ?
Après enquête, il s’est avéré que l’agrandissement du périmètre d’étude pour permettre une passage par le nord a été conçu, élaboré et peut-être même livré clé en main par une association gardoise très influente.
Examiner toutes les propositions faisait partie de la phase de concertation. Par contre, suite à cette contribution et à son ampleur, les responsables d’ RTE auraient dû immédiatement prévenir toutes les personnes rencontrées précédemment afin qu’elles puissent commenter la modification, voire la contester ou apporter leurs propres changements.
C’est donc une faute grave que d’avoir présenté au public et au préfet une aire d’étude modifiée de façon unilatérale. Et que le préfet ait validé cette aire le 24 janvier est pour le moins curieux.
Bien que de se débarrasser d’une nuisance en l’envoyant chez les voisins ne soit pas très charitable, la proposition aurait pu être acceptable si effectivement elle avait offert une solution de moindre impact. Mais il n’en est rien. La partie agrandie de l’aire traverse Tarascon d’ouest en est et du nord au sud, passant au plus près du parc des Alpilles, y pénétrant une première fois. Puis passant devant Montmajour et traversant à nouveau le parc des Alpilles. Ce au milieu des terres nourricières les plus riches de la région, qui se trouveraient amputées de dizaines d’hectares précieux.
Le 30 janvier, RTE a présenté ses hypothèses de fuseaux lors d’une réunion à la préfecture de Marseille. Le premier fuseau passe dans le Gard, du nord au sud puis à l’ouest d’Arles pour traverser le grand Rhône au sud d’Arles.
Le second fuseau passe au nord de Beaucaire, traverse le Rhône, traverse le nord de Tarascon jusqu’à la Montagnette, bifurque plein sud pour ensuite partir à l’est. C’est la partie « illégale ». Ensuite il court au sud jusqu’à Arles, passe sans complexes devant Montmajour pour s’enrouler à l’est le long des Alpilles avant de descendre plein sud sur St-Martin-de-Crau. Rien que ça !
La réunion du 30 janvier a été très houleuse. Il n’y a pas eu crêpage de chignon entre est et ouest, Gard et Bouches-du-Rhône, Parc de Camargue et Parc des Alpilles comme on aurait pu s’y attendre, mais une grande solidarité pour rejeter en masse ce projet, assortie d’une grande unanimité pour dire « Pas de ça chez nous ».
Il est vrai que 150 à 160 pylônes de 50 à 60 m de haut ne font plaisir à personne.
Mais attention ! Si ce projet doit malgré tout se faire, cette belle entente va vite s’effilocher et se transformer en lutte sans merci.
La carte 1 présentée par RTE sur laquelle des dizaines de personnes se sont penchées pendant 3 mois …
… pour découvrir la carte 2 envoyée 5 jours avant la présentation de l’aire d’étude au préfet coordinateur.
Pour mieux constater l’étendue de la manipulation, nous pouvons voir en rose clair les milliers d’hectares ajoutés sans aucune concertation à la surface d’étude initiale.
Une très grande partie des territoires ajoutés se retrouve dans le fuseau est (Rose foncé). A l’ouest, les petits agrandissements cosmétiques qui avaient été ajoutés ne sont finalement pas concernés par le fuseau orange.