En 2010 le groupe Asia Pulp and Paper acheta deux usines de pâte à papier en France. Tembec Saint-Gaudens et Tembec Tarascon. Pour 101 millions d’euros, pertes comprises.
Pas cher, mais ne valant pas plus car exsangues. Pour info, une usine de production moderne peut couter jusqu’à 1,7 milliard d’euros. On voit tout de suite l’intérêt d’acheter 50 millions d’euros un établissement de 30 ans, amorti, sur lequel on fera le minimum de travaux pour pouvoir le jeter quand tout sera hors service.
En profitant de la faiblesse de certains États pour se faire entretenir.
Ces usines ont été achetées par une des multiples holdings du groupe Sinar Mas, appartenant à lignée Widjaja, famille chinoise ayant émigré en Indonésie pour y devenir multimilliardaire. Le père aujourd’hui décédé remplacé par le fils, qui à moins de 40 ans, sévit dans l’immobilier, les services financiers, l’agro-industrie, les télécommunications et qui veut être le leader mondial de la pâte papier.
Famille bien connue pour être responsable de la déforestation massive en Indonésie, et des énormes incendies qui ont suivis. Tout ça pour arracher et vendre des essences nobles et les remplacer par des palmiers à huile.
Une groupe sans moralité qui fera sans doute subir le même sort aux forêts du Brésil dans lesquelles il s’est implanté que celui qu’il a infligé à celles de son propre pays.
Une multinationale qui un jour affirme qu’elle n’est pas aussi vulnérable que ses concurrents aux fluctuations des prix de la pâte car elle possède la production et à la vente et qui lendemain demande des aides aux états parce que le prix de la pâte à papier a baissé.
Qui se vante que ses usines fonctionnent 24 heures sur 24, 365 jours par an, sans arrêt, excepté pour l’entretien, alors que Fibre Excellence bénéficie d’un entretien minimum et les arrêts involontaires dus aux pannes sont d’une fréquence hors normes.
Le groupe Sinar Mas a été épinglé par Greenpeace pour ses destructions massives de forêts indonésiennes.
Depuis c’est le « greenwashing » qui est de mise. Bien cachées sous la très controversée Table ronde sur l’huile de palme durable, les pratiques illicites du milliardaire continuent de plus belle. Dénoncées une fois de plus par Greenpeace.
Paper Excellence, propriété de Widjaja, possède 7 usines de pâte à papier au Canada. L’une d’elle a été fermée pour pollution majeure d’un estuaire. Aujourd’hui, l’actionnaire, après avoir été aidé durant des années par le gouvernement canadien, mord la main de celui qui l’a nourri en lui réclamant des millions de dollars de préjudice.
Aidé en cela par sa ribambelle d’avocats capable de contrer ceux d’un État. On l’a vu quand les défenseurs de l’Agence de l’eau se sont fait laminer en 2021 par les avocats de la partie adverse lors du procès pour la redevance impayée de 2012 de Fibre Excellence Tarascon. Des requins qui ne lâchent pas leur proie.
L’organigramme Asian Pulp and Paper édité par Greenpeace Holland montre la toile d’araignée du système Widjaja. A noter le pays accueillant la deuxième structure, bien connue pour sa transparence fiscale…